Les soins de support en oncologie : dispositif d'appui ou grain de sable des machines à guérir hospitalières ?
Revue Ethics, Medicine & Public Health. (2016) 2. 135-141.
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Auteurs :
Roland Chvetzoff, PhD (1)(3) – Isabelle Chazot , MD (2)– Gisèle Chvetzoff, MD, PhD (2).(1) Cabinet LATITUDE SANTE, 38460 Trept.
(2) Centre Léon Bérard, Département Interdisciplinaire de Soins de Support du Patient en Oncologie (DISSPO), 69373 Lyon.
(3) Faculté de philosophie université Lyon 3, Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhil), 69007 Lyon.
Résumé :
Les soins de support en oncologie : dispositif d'appui ou grain de sable des machines à
guérir hospitalières ?
Les soins de support ont permis des progrès importants pour la qualité de vie et des soins des
patients en oncologie. Nouveau paradigme du prendre soin en oncologie, les soins de support
peuvent en même temps faire naître une inquiétude que les auteurs entendent discuter dans cet
article.
Une inquiétude ayant trait au pouvoir de la médecine sur l’homme vulnérabilisé par la maladie
grave et à l’origine du risque majeur du soin : l’aliénation du malade au sein d’institutions de
santé absolues. Une aliénation accentuée par des bio-pouvoirs ancrés dans un processus global de
médicalisation indéfinie de la vie.
Un concept d’institutions absolues amenant une stratégie d’adaptation des patients pour
ressembler le plus possible au bien-mourir, au bien-vieillir, enfin aux bons malades construits
par toute une série de normes issues des idéologies dominantes.
Questionner aujourd’hui l’institutionnalisation des soins de support consiste à ne pas
désespérer d’elle comme résolument absolue et comme l’incarnation unique du bien et du bon.
C’est considérer ce paradigme comme le lieu d’un débat continué sur le sens final des soins en
oncologie.
Mais un questionnement qui ne consisterait pas à faire des soins de support un unique dispositif
d’appui des machines à guérir hospitalières. Ils doivent également en être le grain de sable
afin d’empêcher une recherche absolue du bien au sein d’une bio-politique d’éradication du mal.
Car des soins de support assujettis à une politique dont l’objectif serait d’éradiquer le mal
viserait également à éradiquer la liberté de l’homme, et donc son humanité.
Mots clés :
Soins de support ; Éthique ; Machines à guérir hospitalières ; Biopouvoir ; Institutions absolues.